Costaeres
Le « château » de Costaeres fait parti du paysage maritime de Ploumanac’h, et nos bateaux sont souvent photographiés en passant sous voiles devant Costaeres.
Mais ce château n’est pas très ancien, revenons un peu sur son histoire. En citant Pierre Delestre dans son livre Perros Guirec 1900 la naissance d’une grande plage édité en 1973.
« A la fin de l’été 1892, un ingénieur polonais Bruno Abakanowiecz, connu dans le monde industriel français sous le nom d’Abdank, qui s’est enrichi on ne sait comment, du krach de Panama à l’ombre de Ferdinand de Lesseps, brasseur d’affaires, habitant une jolie villa des bords de la Marne près de Chanpigny, prend la fantaisie de rechercher une ile en vue de construire. Un fin marin, dont la réputation n’est plus à faire, le patron Magard, lui livre tous les secrets de la côte de Roscané en Pleumeur–Bodou jusqu’au phare de Ploumanac’h.
Abdank porte son choix sur Costaeres (1) qu’il achète aux héritiers le Brozec pour la somme extravagante de 0,25 franc le mètre carré ; il complète son acquisition par une annexe continentale, sur le rivage de Ploumanac’h, destinée à en faciliter l’accès ; il dessine lui-même les plans d’un château qui regarde l’occident, puis laisse la surveillance des travaux à un ingénieur du nom de Lanmoniez. Entre autres missions, celui-ci est chargé d’édifier des cales d’embarquement face à la grève de la Bastille et des murs de soutènement pour s’opposer aux emprises de la mer.
C’est avec curiosité que les gens du pays suivaient les progrès de la construction qui prenait une tournure féodale.
Costaeres vers 1895, le porche d’entrée n’est pas encore construit
Un entrepreneur de Lannion, Pierre Tensorer, et un certain Perrot, mènent une équipe de vingt tailleurs de pierre, trouvant la majeure partie des matériaux sur place ou à La Clarté, la consigne ayant été laissée par Abdank de ne pas toucher aux rochers du rivage ; le travail est facilité par le forage dans l’îlot d’un puits qui fournit une eau abondante.
Au cours de l’hiver 1893, le gros œuvre était sérieusement avancé lorsqu’un véritable ouragan drossa à la côte le tois-mâts Maurice, qui fut jeté avec violence sur les brisants de Costaeres ; les sept marins de l’équipage furent sauvés grâce au canon lance-amarres des Ploumanacains, et l’épave rachetée par Abdank qui se servit des bois de récupération pour l’aménagement intérieur de sa maison.
Avec sa fille Sofia-Fellata et l’institutrice Clémentine, il prit possession du château en 1895 […]Le nouveau châtelain se contenta de clore avec deux rangées de barbelés, ce qui s’avéra vite insuffisant ; un mur devint nécessaire, ainsi qu’une maison de gardien, pour être en mesure d’avoir à demeure une personne chargée d’écarter les visiteurs indésirables ; en vue d’atténuer la violence des vents, la décision fut prise également de boiser ; une commande, fut aussitôt passée à un pépiniériste de Saint-Brieuc, de planter trente mille plants d’arbres ou arbustes.
Costaeres après 1900, le château a été agrandi par l’ouest.
Le château ne tarda pas à recevoir de nombreux hôtes, pour la plupart polonais, mais aussi des littérateurs et hommes politiques français ; ils passèrent là des séjours de rêve, faisant connaissance avec toutes les anfractuosités de la côte à bord du Zinnia, piloté par Yves-Marie Jégou de Ploumanac’h. […]
Abdank mourut au cours de l’été 1900, laissant sa fille (2) Devenue Mme Poray ; afin d’en tirer un revenu plus important, elle fit agrandir la belle demeure vers l’ouest ; ce fut alors un défilé de locataire célèbres. »
Le château restera dans la famille de la fille d’Abdank pendant des années, puis sera revendu plusieurs fois. Depuis 1989, l’île appartient au comique allemand Didi Hallervorden.
Pierre-Yves
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Notes
(1)L’étymologie de Costaeres est en Breton : « vielle sécherie », l’ile était d’ailleurs utilisée auparavant pour faire sécher des poissons et le lichen et pour y cultiver des pommes de terre
(2) Henryk Sienkiewicz, l’auteur de Quo Vadis en 1898, était un ami intime d’Abdank, a son décès en 1900 il devient le tuteur de sa fille âgée de 17 ans.
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Le Kotick devant Costaeres dans les années 60.